Dès ma plus tendre enfance, j’ai été initiée aux voyages. De mes quatre à huit ans, j’ai vécu à Lahr, en Allemagne, où mes parents enseignaient aux enfants des forces armées canadiennes. Je garde d’excellents souvenirs de cette période de ma vie, qui a contribué à tisser des liens très forts entre mon frère, mes parents et moi. J’ai aimé participer à des Volksmarch (marches populaires), me déguiser pour le Fasching (carnaval allemand), ainsi que passer mes vacances scolaires en France, en Hollande, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Suisse ou en Italie. De retour au Québec, nous avions déjà envie de repartir. Nous avions soif d’ailleurs. Il a été question du Pérou, mais le projet a finalement avorté. Mon besoin de voyager, lui, est toutefois demeuré bien intact.
Un mariage franco-québécois…
À l’âge adulte, lors de la dernière année de mon baccalauréat, c’est un homme d’origine française qui a gagné mon cœur (née un 14 juillet, je crois que j’y étais prédestinée!). Dès nos débuts, alors que nous avions très peu de moyens financiers, nous avons fait des voyages une priorité. J’ai redécouvert le Québec et la France à travers ses yeux. Ensemble, nous avons exploré de nouveaux horizons, en Amérique du Nord et en Europe. Nous avions, dès lors, la sensation d’appartenir à deux continents. Avec nos enfants, nous avons élargi ce territoire. Bien entendu, ces derniers ont eu la double nationalité (française et canadienne) dès leur naissance et ont appris à développer des liens avec leur famille française qui, à défaut d’être loin géographiquement, est très présente dans notre vie (via Skype, notamment). Depuis sa naissance, mon fils aîné a l’habitude de passer une partie de ses vacances d’été en région parisienne et, parfois aussi, en Bretagne. Pour lui, prendre l’avion est une véritable fête qu’il attend avec impatience. Son vocabulaire comprend de nombreux mots français (Sopalin, canapé, slip, toboggan), qu’il arrive à marier avec aisance à des termes typiquement québécois (tsé, check, magané). Pendant ces pauses françaises, nous en profitons généralement, mon mari et moi, pour découvrir le monde en amoureux. Nous avons ainsi voyagé en Afrique du Nord, en Amérique du Sud et, bien sûr, en Europe.
Une expatriation familiale aux Émirats Arabes Unis
Alors que mon fils aîné était âgé de trois ans, nous avons eu l’occasion de vivre à Dubaï pendant une année au cours de laquelle il a fréquenté une école bilingue (London & Paris Nursery). Nous avons tellement aimé notre expérience que nous y sommes retournés deux ans plus tard pour y vivre deux années de plus. C’est donc aux Émirats Arabes Unis que mon deuxième garçon a vu le jour. Alors que mon fils aîné fréquentait le lycée libanais francophone privé (LLFP), son petit frère était gardé à domicile, à temps partiel, par une nounou originaire des Philippines. Très rapidement, mon fils cadet a développé un langage où se confondaient le français, l’anglais et le tagalog. Mon fils aîné, lui, a suivi des cours de natation, de piano et de karaté en anglais, en plus d’apprendre l’arabe à son école. D’une maman marocaine et d’un papa autrichien, son meilleur ami lui a appris quelques mots d’allemand, tout en l’initiant à une autre culture (Maman, pourquoi on ne doit pas manger de cochon?). Au cours de cette période, mon fils disait, le plus sérieusement du monde, qu’il était à la fois Français, Québécois et aussi un peu Libanais (alors qu’il n’avait jamais mis les pieds au Liban!). Vivre à Dubaï nous a également permis de découvrir plusieurs pays d’Asie tous ensemble, tels que la Thaïlande, la Jordanie et le Sultanat d’Oman.
De la famille qui migre en Australie…
Parallèlement à notre séjour à Dubaï, mon beau-frère s’est installé en Australie. Étant donné qu’il est aussi le parrain de mon fils cadet, une visite au pays des kangourous s’imposait! Nous avons donc passé un mois en Australie, à découvrir Sydney et ses environs, la Cote Est (de Brisbane à Cap Tribulation) et le Centre rouge. Un autre continent s’ajoutait ainsi à nos racines…
Et ce fut le temps de quitter les Émirats Arabes Unis et de dire au revoir à nos amis expatriés, originaires des quatre coins du monde. Nous avions un peu le sentiment de quitter une partie de nous, une famille. De retour au Québec, lorsque j’ai appris que j’attendais une fille, il nous a semblé tout naturel de demander à un bon ami installé à Dubaï (lui même Grec et Québécois, marié à une Australienne) d’être son parrain.
Voici comment, au fil des ans, nous avons construit notre famille sur quatre continents…
Des préjugés tenaces…
Certains comprennent difficilement cette soif de découvrir le monde. Ils abordent les voyages en famille comme…
… des frais inutiles : « vous n’avez pas plutôt envie d’investir dans un chalet ou d’épargner davantage pour les études des enfants? »
… des expériences fatigantes : « ça doit vous faire du bien de rentrer chez vous et de vous reposer, non? »
… des dangers potentiels : « attention là-bas, soyez prudents, ce ne sont pas des gens comme nous! »
… des risques d’entraver l’intégration des enfants dans leur pays d’origine : « tu n’as pas peur qu’il fasse rire de lui par les autres enfants à son retour avec son accent pointu? »
Notre leitmotiv familial…
À ces gens, nous répondons…
… que là où ils voient des dépenses inutiles, nous percevons, au contraire, l’occasion d’accroître nos connaissances humaines et culturelles… N’est-ce pas les richesses les plus importantes à transmettre à nos enfants?
… que loin de nous fatiguer, les voyages sont des expériences de ressourcement pour nous. D’ailleurs, aussitôt de retour, nous rêvons déjà à notre prochaine destination.
… que nous préférons l’ouverture et la compréhension des différences à la peur de l’autre et à une vision ethnocentrique du monde.
… que nous sommes fiers que nos enfants affichent, voire revendiquent leurs différences… Elles démontrent simplement qu’ils ont confiance en eux et qu’ils ont du vécu.
Voyager, c’est…
s’enrichir,
se ressourcer,
s’ouvrir aux autres
et revenir, à chaque fois, un peu différent.
Quel superbe texte inspirant!! C’est un réel plaisir de vous lire et de voyager à travers vos yeux! (À défaut de ne pouvoir le faire moi-même pour le moment!) Nous comptons faire un voyage dans la prochaine année… Ça s’enligne pour Hawaii. Mon premier voyage hors Canada à vie!! Ouf!!! 🙂 J’ai hâte de découvrir le monde et les autres cultures, et de le faire découvrir à mon fiston aussi!! Ce dois vraiment être merveilleux! Je vais suivre votre blogue avec attention!! 🙂
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Merci Émilie, ton commentaire me fait grand plaisir. 🙂 Mon prochain billet portera donc sur Hawaii (je n’ai aucun mérite, j’ai deux articles de prêts sur cette destination). 🙂
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Voilà un récit fort intéressant. La petite Éve des Rossignols de Saint-Georges a fait bien du chemin. Quelles richesses tu possèdes: famille, voyages et une vision du monde vaste comme ce monde que tu parcours. Continue de vivre tes rêves et de les partager.
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Merci beaucoup Marguerite. Les Rossignols m’ont donné un bel héritage que je lègue à mon tour à mes enfants : de magnifiques chansons. Elles nous accompagnent d’ailleurs dans tous nos voyages. Merci pour ce petit saut dans le passé! 🙂
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Je suis tellement d’accord avec tout ce que tu as écris!
Et quelle chance tous ces voyages! Tu me fais rêver!!! 🙂
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Merci, tu es adorable! 🙂 J’aime beaucoup ton blogue moi aussi. 🙂
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Salut,
Je viens de découvrir votre blog en faisant une recherche sur fujairah ,puisque nous sommes en vacances aux Émirats et je n arrive plus à le quitter .J’aime beaucoup votre façon de voir les choses et de voir les voyages comme un ENRICHISSEMENT, c’ est tout à fait ça pour moi des découvertes et des souvenirs qui sont un investissement et des trésors pour l’ avenir.Maman voyageuse de cinq enfants je met de côté toute l’année et même parfois pendant plusieurs années pour que l’on puisse partir tous vers un nouvel horizon et on m’ a souvent reproché de dépenser trop pour des voyages alors que je pourrais investir pour une maison ou une voiture !Je voyage sur votre blog et je ressens beaucoup d ’émotion à la lecture de cet article en particulier .Merci pour ces doux et si merveilleux partages .Pleins de bonheur et de voyages pour vous et votre famille
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Bonjour Sandra,
Merci beaucoup pour votre message qui me va droit au cœur. Je suis heureuse que mes écrits puissent vous inspirer ou rejoindre votre propre façon d’aborder les voyages en famille. Voyager avec cinq enfants, c’est sûrement très enrichissant! J’espère que vous appréciez Fujairah, un émirat dont nous gardons d’excellents souvenirs. 🙂
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Mais qu’elle belle philosophie de vie ! Je me retrouve a travers tes lignes.
Je n’ai pas encore d’enfants, mais quand j’en aurais je compte bien continuer de voyager et avec eux. C’est une fabuleuse école de la vie que de voyager.
Je vais suivre vos aventures avec intérêt en tout cas !
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Merci beaucoup pour votre gentil message. Je vais aller découvrir votre blogue à mon tour. 🙂
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