Lorsque nous avons décidé de nous envoler vers la Californie avec nos deux garçons, la possibilité de traverser à Tijuana, du côté du Mexique, nous a tout de suite interpellés. Depuis l’élection de Donald Trump, il faut dire que les relations entre les États-Unis et le Mexique alimentent beaucoup nos discussions à table. Les garçons en parlent sans arrêt, que ce soit pour rire de la coiffure du nouveau président, faire des jeux de mots avec son nom (trumper les gens) ou pour décrier ses décisions politiques « pas rapport ». Mais le sujet qui les passionne le plus concerne évidemment la construction d’un mur à la frontière du Mexique. Cette décision essentiellement populiste ne fait pas que soulever le mécontentement et les critiques des intellectuels et des experts de différents pays, elle est aussi au cœur des discussions qui animent les cours de récréation de nos écoles. Oui, oui, je vous assure, au même titre que Pokémon et Minecraft, le projet de Trump s’est hissé au sommet des sujets qui ont la cote chez les jeunes!
Bref, il était difficile pour nous d’envisager un voyage à San Diego sans prévoir une halte au Mexique. Lorsque j’ai parlé de mon projet à des amis ou sur les forums concernant les voyages en famille, j’ai toutefois eu peu d’encouragements à concrétiser ce projet.
Si j’étais toi, je ne traverserais pas la frontière en ce moment, surtout avec des enfants… À moins de chercher le trouble…
Attention, aucune compagnie de location de voiture n’acceptera d’assurer votre véhicule pour aller à Tijuana!
Tijuana? C’est moche et dangereux… Et surtout, ce n’est pas le vrai Mexique…
Voici les principaux commentaires que mon projet a suscités. Étant donné que je suis têtue et que j’aime me forger ma propre opinion sur une destination (qu’est-ce que le « vrai » Mexique après tout?), j’ai décidé d’aller de l’avant avec ce projet.
Traverser la frontière à partir des États-Unis
Malheureusement, nous avons eu peu de temps pour planifier notre excursion d’une journée au Mexique. Je pensais m’en charger pendant notre séjour à San Diego, mais j’y ai rencontré quelques imprévus, dont la nécessité de visiter les urgences en pleine nuit en raison d’une otite (une galère à ajouter à notre liste!). Nous nous sommes donc retrouvés le matin même avec deux amis, devant les assiettes bien remplies du Marriott Hotel, à improviser notre petite excursion. Contrairement à ce que j’avais lu un peu partout, il n’y avait pas de problème à assurer la voiture de location pour se rendre à Tijuana. Il s’agit seulement de prendre une assurance routière mexicaine une fois sur place. Nous avons malgré tout décidé de laisser tomber cette idée et de nous tourner vers d’autres alternatives : prendre le trolley du centre downtown San Diego ou un taxi. Nous avons finalement choisi la deuxième option, moins économique, afin de sauver du temps. Un chauffeur est venu nous chercher à l’hôtel et nous avons pris une entente avec lui afin qu’il vienne nous prendre au Outlet de San Ysidro à la fin de la journée. Pour 65$ US, nous avons donc rejoint la frontière que nous avons traversée à pied, croisant des musiciens, des vendeurs ambulants, des mendiants et d’innombrables automobilistes qui devaient se mordre les doigts de se retrouver dans cet embouteillage monstre.
En quelques secondes, nous étions au Mexique. Initialement, nous avions prévu rejoindre à la marche le centre de Tijuana, mais assaillis par les sollicitations des chauffeurs de taxi qui proposaient de nous y conduire, nous avons finalement accepté l’offre de l’un d’eux.
Une journée à Tijuana
Nous sommes arrivés à Tijuana en fin de matinée, un jour de semaine ensoleillé. Il y avait très peu de touristes sur place, ce qui explique sans doute les sollicitations incessantes dont nous avons fait l’objet. Chaque personne croisée avait quelque chose à nous vendre ou à nous proposer. Nous avions un peu le sentiment d’être des billets de banque ambulants. Rapidement, nous avons été interpellés par des Mexicains qui, à chaque coin de rue, nous proposaient de monter sur le dos d’ânes curieusement peints en zèbres. Surnommés zonkeys (un mélange de zebra et de donkey), ces derniers prenaient la pose avec, en arrière plan, un panneau annonçant « Welcome to Tijuana »… Voilà qui donnait le ton à notre journée en sol mexicain avec, en prime, la célèbre chanson de Manu Chao qui s’imposait à nous comme nouveau ver d’oreille…
Welcome to Tijuana
Tequila, sexo y marihuana
Bien que nous ayons ignoré la coutume locale à dos d’âne, nous nous sommes aventurés avec plaisir dans les nombreuses boutiques qui bordent les principales artères du centre de la ville. Les souvenirs n’y manquaient pas : bijoux en argent, sombreros, masques, guitares, textiles et articles en cuir. Nous avons aussi été surpris de découvrir des cabinets de dentiste dans des immeubles délabrés qui n’inspiraient pas tellement confiance, ainsi qu’un grand éventail de produits pharmaceutiques vendus au comptoir...
En passant devant un restaurant, peu avant 11h00, avec des bouteilles d’eau à la main, un serveur nous a lancé en riant : « Don’t drink water in Tijuana! Drink Beer or Tequila! »… Nos estomacs étant hésitants à répondre à cette invitation matinale, nous avons continué à découvrir le centre de la ville en nous perdant dans ses rues et ses ruelles. Armés de leurs nouveaux chapeaux, les enfants s’amusaient à caricaturer les Mexicains et simulaient la sieste à chaque coin de rue. Nous avons finalement décidé de faire une pause pour prendre le lunch afin d’éviter le soleil cuisant de l’heure du midi. Nous sommes donc entrés, au hasard, dans un petit restaurant sympathique, où nous avons dégusté quelques plats mexicains : nachos, tacos, burritos et quesadillas. Un délice!
Bien rassasiés, nous avons continué notre balade jusqu’à un petit marché couvert que nous avons traversé rapidement, car ce sont essentiellement les mêmes babioles que les marchants nous proposaient. Au-delà des souvenirs à vendre, ce sont surtout les nombreux graffitis qui ornaient les murs qui ont attiré mon attention. En sortant, l’ambiance a changé rapidement lorsque nous nous sommes retrouvés devant une jolie église où de nombreux Mexicains venaient se recueillir pieusement. Tout près, quelques boutiques faisaient l’étalage de statuettes religieuses.
Après nous être aventurés, sans le vouloir, dans un quartier malfamé, clairement dédié à la prostitution, nous avons rejoint la Plaza Santa Cecilia, une rue piétonne sympathique et colorée. Nous y avons fait notre dernière pause avant de rentrer à San Diego. Pendant que les enfants s’amusaient à lancer des miettes de pain aux pigeons, nous avons pris une bière tranquillement. La musique était un peu forte, mais l’ambiance vraiment agréable. Si j’avais une image positive à garder de Tijuana, ce serait définitivement celle-là! Nous avons ensuite repris la route vers la frontière, que nous avons passée sans problème (je crois que les passeports canadiens y sont pour beaucoup!).
Et si c’était à refaire?
Le décalage entre Tijuana et San Diego est particulièrement déroutant, mais nous avons adoré notre journée au Mexique. Bien que ces deux lieux ne soient qu’à une vingtaine de kilomètres de distance, un fossé culturel immense les sépare. Pas besoin d’un mur pour s’en rendre compte, quelques minutes à peine sont suffisantes pour constater l’écart considérable entre ces deux villes, tant sur le plan sanitaire que par l’ambiance générale qu’elles dégagent.
Si c’était à refaire, je ne changerais pas beaucoup d’éléments à cette journée passée à Tijuana. Cette fois, je ferais un arrêt au Caesar’s Restaurant, célèbre pour être le lieu de création de la fameuse salade. Pour le transport, plutôt que de prendre un taxi, je stationnerais le véhicule de location au Outlet de San Ysidro pour ensuite traverser la frontière à pied (qui me semble vraiment la meilleure option pour une excursion d’une journée). Toutefois, même si j’ai bien aimé découvrir Tijuana, je ne crois pas y retourner lors d’un prochain voyage en Californie ou au Mexique. À la fin de la journée, j’avais l’impression d’avoir atteint une bonne saturation de ce qu’il y avait à voir et je n’avais pas particulièrement envie, surtout avec les enfants, de m’éloigner du périmètre jugé plus sécuritaire. Je conseille, malgré tout, aux voyageurs de s’y rendre au moins une fois pour vivre l’expérience de cette ville réputée pour ses excès.
C’est chouette d’aller au bout de ses envies même si ce n’est pas simple avec les genres de commentaires que tu as reçu (parfois empreint de bienveillance !). Ravie de lire ce récit !
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Merci Lili! J’aime bien me faire ma propre idée sur une destination, même si j’adore faire la lecture des autres récits de voyage pour m’inspirer préalablement. Ce fut une belle journée en famille, mes enfants ont adoré. 🙂
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Mon conjoint voyage régulièrement à Tijuana pour le travail. Les enfants et moi l’avons accompagné une fois justement pour vivre «l’expérience»!
Nous logions dans un condo-hotel à Rosarito, ville côtière à 20 minutes au sud du centre-ville de Tijuana. Un chauffeur nous a cueillit à l’aéroport pour nous conduire directement à notre hébergement (entrée au Mexique très facile et rapide).
Au retour, il a fallu un peu plus de 60 minutes d’attente pour traverser la frontière (à bord du véhicule avec le chauffeur). Effectivement, le passeport canadien doit faciliter la tâche puisque le douanier m’a posé une question pour vérifier mon nom alors que je rentrais seule avec 2 enfants et un chauffeur mexicain (peut être que ce dernier avait expliqué la situation en espagnol). Dans cette heure d’attente, la sollicitation etait très présente: une quantité innombrable offre de chirurgiens plastiques, dentiste et autres sur des panneaux annonce, un vendeur de t-shirt, de breuvage, de quelque chose à manger, etc.
Ce qui m’a marqué, et ce qu’on voulait démontré aux enfants, c’était le décalage entre notre niveau de vie, de confort, et ceux des ghettos de Tijuana que nous avons traversé en voiture, les tentes dans le canal où des immigrants sont coincés entre les 2 frontières à la recherche du rêve américain…et les enfants qui accompagnent leur parents dans leur travail de «vente»…souvenirs, vêtements, bijoux fait main, même un vendeur d’assurance avec son bambin de 3-4 ans…
La réputation de Tijuana la précède mais en restant sur les artères principales et en ne sortant pas le soir dans des détours, ce n’est pas plus dangereux qu’un centre-ville d’une grande ville. Somme toute, une belle ville, mais comme tu dis, on a vite fait le tour! 🙂
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Merci pour ce retour. C’est vrai que le décalage avec notre mode de vie est assez frappant. Comme vous le dites, c’est une expérience à vivre au moins une fois. 🙂
Votre conjoint travaille dans quel domaine pour voyager aussi souvent à Tijuana?
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Mon conjoint a travaillé avec le tien…chez Gecko! 😉
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Je n’avais pas compris que c’était toi Pascale! 🙂 Ton chum nous a d’ailleurs donné de bons conseils avant notre virée à Tijuana. J’espère avoir l’occasion de vous revoir bientôt, ça fait tellement longtemps! 🙂
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J’ai adorer votre article. Je vais le transferer a mon groupe sur twitter. Je suis certain qu’il vont l’aimer. [url=https://www.lesiteimparfaits.com]Merci[/url]
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Merci, c’est très gentil à vous 🙂
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Merci pour cet excellent compte-rendu de votre escapade mexicaine.
J’ai mis les pieds à Tijuana il y a un quart de siècle et je me souviens de l’ambiance particulière juste de l’autre côté de la frontière californienne. Cette année, j’hésitais donc à y remettre les pieds lors d’un voyage aux Etats-Unis avec mes deux neveux de 11,5 ans.
Vous venez de m’encourager à franchir le pas et je suivrai vos consignes rassurantes pour découvrir cette autre facette du monde.
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Merci pour votre gentil commentaire. J’espère que vous vous amuserez bien à Tijuana avec vos neveux. 🙂
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