Humeurs Voyages & Enfants

Le refus de choisir d’une maman voyageuse

Le refus de choisir m’habite depuis longtemps. Le refus de choisir un seul pays, un seul mode de vie, un seul domaine d’études, une seule ligne de pensée…

Pourquoi ce refus de choisir?

Parce que choisir, c’est trop souvent renoncer. Si certains choix sont faciles ou s’imposent d’eux-mêmes, d’autres sont complexes et sèment le doute dans mon esprit. Comprenez-moi bien, ce ne sont pas les choix à court terme qui me paralysent. Bien que je puisse me changer de tenue plusieurs fois avant de partir au boulot, j’arrive chaque jour à m’extirper de mon placard pour vaquer à mes occupations. 😉  Plus sérieusement, les choix quotidiens (quoi manger? quoi boire? quelles chaussures porter? quel roman lire? etc.) se font sans grands questionnements intérieurs. En revanche, les choix qui engagent sur un plus long terme, ce que certains appellent les choix de vie, me dérangent un peu plus. En fait, je n’aime pas l’idée de devoir choisir une seule route, un seul parcours.

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Le refus de choisir une seule route, en ligne droite… La Vallée de la Mort, USA

Plus jeune, je pensais que ma vie serait réussie si, vers l’âge de 25 ans, ma carrière était sur les rails, avec un mari aimant, un premier enfant en route et une maison décorée au goût du jour. Puis, j’ai franchi ce cap sans avoir envie de toutes ces choses (sauf pour le mari aimant qui était déjà dans ma vie depuis quelques années! ;-)). J’avais envie de poursuivre mes études un peu plus loin, de changer de programme (un baccalauréat en droit, une propédeutique en criminologie, des études de 2e et 3e cycles en travail social), de voyager en couple, de changer de ville – et d’appart – au fil des opportunités qui s’offraient à moi. C’est à 29 ans que j’ai donné naissance à mon premier enfant. C’était un choix réfléchi, un grand projet. Mais contrairement à ce que certains m’avaient dit, je ne considère pas que je me suis alors engagée dans un chemin tracé à l’avance de façon définitive, l’éternelle routine métro-boulot-dodo. J’ai eu une maison, puis j’ai changé pour une autre et une troisième… Mes murs ont été peints d’une vingtaine de couleurs. J’ai changé de ville, de pays. J’ai eu deux autres enfants extrêmement désirés eux aussi. Malgré tout, je ne me sens pas « figée » dans un seul choix.

Pourquoi en parler maintenant? 

Parce que je lis beaucoup de blogueurs-voyageurs en ce moment et que je sens, chez certains, une tendance manichéenne à opposer des choses qui, à mes yeux, sont conciliables. Les enfants ou les voyages, un mode de vie nomade ou sédentaire, le luxe ou les voyages à petits budgets, le slow travel ou le city trip, le fait d’être touriste ou voyageur, les destinations authentiques ou artificielles. Évidemment, derrière ces oppositions, il y a une hiérarchisation implicite des expériences de voyages avec, au sommet de la pyramide, les âmes nomades et sans attache qui parcourent le monde avec le plus petit budget possible (et le sac à dos au poids le plus réduit) vers des destinations jugées plus authentiques, TOUJOURS en slow travel et JAMAIS comme le feraient de simples touristes.

J’ai fait un tour du monde avec 100 $ et cinq kilos de bagages… Qui dit mieux? – [J’exagère à peine!]

*** Euh…. Certainement pas moi. Juste l’idée me donne envie de me mettre en boule sur mon divan pour pleurer (je suis un peu douillette!).

Quand je lis ce genre de discours, j’hésite entre le rire et l’exaspération. Personnellement, je n’ai pas envie de m’enfermer dans une seule et unique façon de voyager. J’aime m’accorder des petits luxes en voyage, mais j’apprécie aussi découvrir un nouveau pays en Westfalia ou en faisant du camping sauvage. En outre, je ne vois pas en quoi il est inconcevable ou inapproprié d’accumuler à la fois des biens et des expériences à travers le monde. Mais les propos qui sont les plus dérangeants pour moi sont ceux qui opposent la maternité ou, plus globalement, la famille et les voyages.

Tu vas voyager enceinte? Mais c’est dangereux…

Tu vas accoucher à l’étranger? Pourquoi te rendre la vie aussi compliquée?

Tu vas suivre ton mari lors d’une expatriation dans un pays arabe? Où est la féministe en toi?

Tu vas voyager avec un bébé? Mais il est bien trop petit…

Tu vas voyager avec un enfant d’âge scolaire? Tu vas le mettre en situation d’échec…

Et, plus récemment

Il faut que tu en profites pendant qu’ils sont encore petits, ils ne voudront plus vous suivre lorsqu’ils seront adolescents…

Bref, si j’en crois l’opinion de plusieurs, qu’ils aiment ou non voyager, vadrouiller aux quatre coins du monde serait une expérience réservée aux jeunes aventuriers, sans emploi ni enfant, ou encore aux retraités. Inutile de vous dire que cette vision ne me convient pas. J’aime voyager avec mes trois enfants, mais je ne me sens pas incompétente ou coupable lorsque je le fais sans eux. Je revendique le droit de ne pas entrer dans une petite case qui déterminera l’éventail des possibilités qui s’offrent à moi. Je choisis d’avoir le droit de changer d’idée, de maison, de pays. Je choisis de garder la porte ouverte vers d’autres horizons…

Birkat Al-Mawz
Une porte à ouvrir sur d’autres horizons, village de Birkat Al-Mawz – Sultanat d’Oman

Et choisir pour mes enfants?

Bien sûr, il y a des règles à la maison et les enfants ne font pas ce qu’ils veulent quand ils le veulent (loin de là). Mais dans la mesure du possible, j’essaie de cultiver chez eux l’ouverture sur plusieurs avenues.

Exemple vécu lors de notre expatriation à Dubaï, alors que notre fils fréquentait une école libanaise laïque, où plusieurs religions demeuraient toutefois très présentes sur la cour d’école :

Maman, c’est qui le vrai Dieu? Qui a raison entre mon ami musulman et mon ami catholique? 

[Mon éternelle réponse] Toi, tu en penses quoi?

[Soupir]… Je savais que tu répondrais ça…

Je ne me défile pas, je reste malgré tout honnête. Mon fils sait que nous sommes, mon mari et moi, agnostiques. Nous ne savons pas si Dieu existe. Point. Je ne trancherai pas cette question pour lui. Il l’a fait lui-même et il a décidé de croire en Dieu. Ses choix sont plus faciles que les miens. Qu’il croit ou non en un dieu m’importe peu. L’important, à mes yeux, c’est qu’il soit ouvert à la différence et qu’il ne juge pas trop facilement les autres. Et pour développer ce genre d’ouverture, le voyage est la meilleure religion. 😉

Autre exemple, à notre retour au Québec :

Maman, est-ce que je suis 100 % Québécois… Mon ami, untel, m’a dit que je suis 50 % Québécois parce que je suis 50 % Français.

Toi, tu en penses quoi? [et oui, encore!]

Je pense que je suis 100 % Français et 100 % Québécois… Et un peu Libanais aussi… Ça se peut maman?

Oui, bien sûr [grand sourire intérieur].

Drapeau-Liban
Le drapeau du Liban, réalisé par mon fils qui se sent un peu Libanais

J’aime voyager et expérimenter de nouvelles façons de le faire. Je pense que c’est ce qui fait aussi que je ne me sens pas blasée des voyages et que j’arrive à transmettre cette passion à mes enfants. Je ne crois pas qu’une façon de voyager en surpasse une autre, qu’une destination soit plus intéressante pour tout le monde. L’appréciation d’un voyage est essentiellement subjective, une expérience personnelle que l’on peut partager sans pour autant dénigrer d’autres façons de faire. Bien sûr, certains choix s’imposent, que ce soit par manque de temps ou de ressources financières… Mais je préfère les voir comme des rêves à réaliser plus tard, un rendez-vous qui ne se fait pas dans l’immédiat mais qui se fera un jour, quand le contexte sera plus favorable. Je ne ferme pas la porte. Je préfère dire « au revoir » que larmoyer quelques adieux.


Pour approfondir plusieurs éléments abordés rapidement dans cet article, voici quelques liens vers des billets d’autres blogueurs qui ont alimenté ma réflexion :

La compétition monétaire entre Backpacker – Two Travel Lovers

Quel est l’âge idéal pour voyager? – Un sac sur le dos

Voyage au long cours vs City Trip – Un sac sur le dos

Voyager loin durant l’enfance peut-il rendre le futur voyageur blasé? –  La Grande Déroute

Faut-il voyager loin avec ses enfants? – Autour des voyages

Touriste ou voyageur? Il faut choisir votre camp! – Les Petits Voyageurs

20 comments on “Le refus de choisir d’une maman voyageuse

  1. Merci pour cette réflexion, je te rejoint totalement, notamment sur cette hiérarchisation implicite des types de voyageurs … c’est usant ! Merci d’avoir abordé ce sujet

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  2. Super article ! 🙂 Je suis totalement en accord avec toi. Pourquoi suivre une seule façon de penser ? Ou pourquoi se contenter d’un seul type de voyage ? Je trouve aussi mon bonheur dans la diversité. Merci pour le lien vers mon blog 🙂

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    • Eve Pouliot

      Merci Pamela. Votre billet m’a bien inspirée pour rédiger le mien, alors c’était tout naturel que je le mentionne. 🙂

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  3. Si tu veux être voyageur, il faut voyager en soloe (car la mode, c’est de voyager seule) en sac à dos, avec 10 euros par jour. Point barre! (ah j’oubliais, tu dois avoir entre 20 et 30 ans max, après tu ne peux plus voyager évidemment!)
    😉
    Ah les stéréotypes ont la vie dure!
    J’avais écrit il y a quelques temps un article sur Voyageur ou touriste car effectivement je trouve qu’on oppose souvent ces 2 termes et que le dernier a une connotation péjorative et le 2ème: jeune baroudeur.
    C’est dommage mais je constate aussi qu’il y’a beaucoup de gens ouverts qui ne jugent pas: chacun voyage comme il le souhaite tant qu’on voyage comme on le veut… et comme on peut.
    Car par exemple, l’argent selon moi reste un filtre. Certains n’ont vraiment pas les moyens de voyager avec beaucoup d’argent mais ils arrivent quand même à partir à l’autre bout du monde car le voyage est une de leur passion. Et je pense que même s’ils adorent vivre le voyage de la sorte, certains ne seraient pas contre un peu plus d’argent pour un peu plus de confort.

    D’autres en on fait une philosophie ou un challenge. Là il s’agit d’un choix tout à fait assumé. Mais qui en aucun cas ne devrait impliquer un classement des voyageurs.. avec bien souvent comme tu dis, en haut de l’affiche, le jeune baroudeur fauché. On peut aussi voyager, en famille, à la retraite, dans le luxe, à la va vite, en mode slow..; et tout ça est bien du voyage si tu as l’esprit ouvert!

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    • Eve Pouliot

      Merci pour ton commentaire Alice. 🙂 Je n’avais pas lu ton article, mais j’y vais de ce pas! Tu as raison, il y a aussi beaucoup de gens ouverts. Heureusement pour ceux qui souhaitent voyager après 30 ans ou avec des enfants, n’est-ce pas? 😉 Tout comme toi, je prône l’ouverture et la diversité dans les expériences de voyages. C’est ce qui rend chaque aventure unique et si intéressante! 🙂

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  4. Merci pour la (les ^^) mentions 🙂

    J’ai beaucoup aimé ton article et ton regard, et j’adore les petites perles que tu partages de ton fils, surtout le « 100% Français et 100% Québécois » ! C’est si juste ! Si ce genre de réflexion t’intéresse, je te conseille (si tu ne l’as pas encore lu ^^) de lire « Les identités meurtrières » d’Amin Maalouf. Le titre fait un peu peur comme ça, mais le début du livre partage une très belle réflexion de l’auteur sur son identité de métisse face aux questions qu’on lui renvoyait « vous vous sentez plus ceci ou plus cela ? 1/3 -1/2 telle nationalité ? »… Bref, nous sommes 100% nous, et c’est le plus important ! 🙂

    J’adore lire des retours de parents voyageurs : c’est beau de voir que oui, tout est toujours possible ! Il faut se battre contre quelques idées reçues… mais je pense que les mentalités évoluent. En tout cas, nous croisons de plus en plus de famille avec un/des jeunes enfants, et cela fait plaisir à voir !

    Et je te rejoins quand tu dis qu’un choix ne s’oppose pas à un autre et n’est jamais définitif. On a tous droit à plusieurs vies dans une vie 🙂

    Au plaisir d’échanger encore sur de beaux sujets comme celui-ci…

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    • Eve Pouliot

      Merci beaucoup Amandine pour ce retour qui me touche beaucoup (je suis une grande fan de ton blogue). Je vais me procurer le livre dont tu parles, c’est certain. Le sujet m’intéresse énormément. Je pense aussi que les mentalités évoluent et c’est une bonne chose. Au plaisir d’échanger à nouveau avec toi! 🙂

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  5. Billet vraiment très intéressant! C’est vrai qu’on se sent sommés de rentrer dans des cases, de porter des étiquettes. C’est évidemment très réducteur mais il faut dire que les typologies de voyageurs permettent de se sentir membre d’une communauté : les backpackers, les voyageurs solos…Mon problème, c’est que je n’ai toujours pas trouvé quelle communauté de voyageurs je pourrais rejoindre… Je me retrouve un peu dans certains voyageurs mais je vois bien que ma manière de voyager est peu relatée dans les blogs et je ne rencontre pas de gens qui me ressemblent. Cela m’interroge! Bien-sûr, mon grand bonheur est de pouvoir avoir l’opportunité de voyager comme je le souhaite! Un grand luxe! Tout ton propos sur le refus de choisir me parle beaucoup dans le sens où on peut être multiple, changer selon les envies, etc. D’un autre côté, toute notre vie est faite de choix. Vivre une vie proche de ses aspirations, en accord avec ses valeurs implique de faire des choix. Pas des choix en fonction de cases dans lesquelles il faudrait se ranger, mais des choix sur le chemin qu’on veut suivre. Beaucoup d’intersections et beaucoup de choix…. Dans mon cas, la passion du voyage et de la découverte a impliqué de renoncer à ma vie professionnelle antérieure et a modifié fortement mes relations sociales.C’est ainsi! Faire des renoncements pour trouver sa voie me paraît inévitable et ce ne sont pas des sacrifices! Merci encore pour ce billet très inspirant! 🙂

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    • Eve Pouliot

      Merci Nathalie pour ce retour. C’est drôle, parce que j’ai eu une pensée pour toi quand j’ai écrit cet article. Je me souviens avoir lu votre description sur votre blogue, où tu mettais en relief le fait que vous êtes différents de la plupart des gens qui s’engagent dans un tour du monde (âge, voyager dans un certain luxe, etc.). J’avais trouvé ça inspirant! J’ai aussi beaucoup aimé ton billet sur les valises qui, contrairement aux autres articles sur la question, n’avait rien de culpabilisant. 😉 Évidemment, faire le choix de partir entraîne un certain nombre de deuils. La vie ne s’arrête pas parce que nous sommes absents, ce qui a un impact sur le boulot et les relations sociales. Mais une fois que ce choix est fait, j’aime l’idée de pouvoir voyager de différentes façons. 🙂

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  6. Ping : Le refus de choisir d’une maman voyageuse

  7. Bonjour Ève,
    Je suis tombé par hasard sur ton billet et je dois dire que je partage aussi ta façon de voir les choses. Bien que je n’aie pas d’enfants, je suis également blogueur et cela m’exaspère aussi de voir à quel point on semble accorder une si (trop) grande importance aux tours du monde, au slow travel, au plus petit budget possible, à une vie nomade, à des destinations supposément non touristiques, à un plus grand nombre de fans possible, à la monétisation de son blogue, etc. Moi non plus, je ne cherche pas à entrer dans une seule case, et d’ailleurs j’ai souvent l’impression que je n’entre tout simplement pas dans la « bonne case », c’est à dire celle qui semble tant recherchée et valorisée. Tout comme toi, je suis d’avis qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voyager, tout comme il n’y a pas qu’une seule façon de bloguer non plus. Et si différentes soient-elles, aucune n’est meilleure qu’une autre. Comme tu le dis, voyager est une expérience personnelle et subjective, tout comme la façon que l’on choisit d’en parler par la suite. Continue à refuser de choisir !

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    • Eve Pouliot

      Merci Mario pour ton passage sur mon blogue. Je vais aller découvrir le tien avec plaisir. 🙂 Tu as bien raison, il n’y a pas une seule façon de voyager comme il n’y a pas une seule façon de bloguer. 🙂 Ravie de faire ta connaissance et au plaisir de partager à nouveau avec toi!

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  8. Ping : Suis-je prête à retourner en Amérique du Sud? Ma balance décisionnelle. |

  9. Très intéressant ton article! C’est vrai qu’il y a cette espèce de hiérarchisation des voyages… Si tu pars en camping sauvage, chez l’habitant, en sac à dos et à petit budget, c’est forcément mieux qu’à l’hôtel ou avec une voiture…
    Et puis il y a les destinations… Si ce n’est pas au bout du monde ou au soleil, c’est que c’est inintéressant… (J’ai eu droit à plusieurs « Pourquoi là-bas? » quand nous sommes partis en Ecosse, et j’avoue n’avoir même pas su quoi répondre tellement la question me paraissait débile…)
    Moi non plus je ne veux pas choisir! Si je veux faire une croisière pour découvrir un pays, ou faire un road trip au rythme d’un escargot ou à toute vitesse, c’est que ça me convient!

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    • Eve Pouliot

      Merci beaucoup pour ton commentaire Claire. J’avais beaucoup hésité avant de publier cet article. Mais au final, je suis heureuse de l’avoir, car plusieurs autres blogueurs ont semblé se reconnaître dans mes propos. Comme quoi il n’y a pas qu’une seule et unique façon de voyager! 🙂

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