Humeurs Voyages & Enfants

Voyager sans ses enfants, nécessairement mauvais?

Ce n’est pas un scoop pour quiconque suivant mon blogue, j’adore voyager et, plus encore, j’adore voyager avec mes enfants. C’est une façon, pour moi, de combiner deux grandes passions qui animent ma vie en la rendant plus belle. Voyager avec mes enfants me permet de découvrir le monde à travers leurs yeux, d’être attentive à des petites choses qui échappent souvent au regard de l’adulte. C’est aussi offrir à mes enfants une ouverture incroyable sur le monde et les différences qui l’animent, en termes de langues, de coutumes, de religions, de climats, de paysages ou, tout simplement, de couleurs de peau. Avec des enfants, les gens viennent à nous de façon naturelle, en laissant tomber leurs barrières ou leurs préjugés beaucoup plus facilement. On sent immédiatement une connivence avec les autres parents, peu importe leur origine, comme si nous partagions tous un même secret. D’une certaine façon, notre rôle de parent nous unit, nous donne un point commun qui permet de dépasser nos différences, de se comprendre au-delà des frontières terrestres, linguistiques et culturelles.

Le jour où j'ai eu peur que mon fils de trois ans trouve matière à s'essuyer les mains là où il ne faut pas... Une belle façon d'entrer en contact, n'est-ce pas?
Fujaïrah, Émirats Arabes Unis. Le jour où j’ai eu peur que mon fils de trois ans trouve matière à s’essuyer les mains là où il ne faut pas… Une belle façon d’entrer en contact, n’est-ce pas?

Et là, vous vous demandez si vous avez bien lu le titre de ce billet. Qu’est-ce qu’elle nous fait avec sa grande introduction?  Elle veut nous parler des bienfaits des voyages avec ou sans ses enfants?

Ma réponse est la suivante : Doit-on vraiment choisir une seule et unique ligne de conduite? Je ne crois pas. J’adore voyager avec mes trois enfants. Ce n’est pas une chose qui m’angoisse ou qui me rend inconfortable, bien au contraire. Malgré tout, il m’arrive de voyager sans mes enfants. Pire encore, ils voyagent parfois sans moi et, tenez-vous bien, ils ADORENT ça. Vous comprendrez ici que mon ton est sarcastique. Avouons-le, ce n’est pas cette tendance qui anime les mamans-voyageuses-blogueuses en ce moment. La mode est plutôt au « slow travel » en famille. J’en ai moi-même fait l’éloge dans mon billet sur les 10 règles d’or d’une maman voyageuse. Seulement voilà, si j’aime voyager avec mes enfants en mode « slow », mes expériences et mes envies de voyages ne se résument pas à cette tendance. Il m’arrive aussi de voyager sans mes enfants en mode « ultra-speed ». Parce qu’une occasion professionnelle se présente et me permet de voir du pays, sans disposer d’énormément de temps. Ou encore parce que nous avons besoin, mon conjoint et moi, de prendre une pause, d’enfiler des kilomètres sur la route pour le simple plaisir d’être ensemble, tout en faisant preuve de gourmandise en découvrant un maximum de choses en peu de temps… [parce que forcément, les enfants nous manquent à un certain moment et que l’envie de rentrer pour les retrouver se fait pressante!]

Si j’ai décidé d’écrire sur ce sujet aujourd’hui, c’est parce que je sens beaucoup de préjugés entourant le fait de voyager sans ses enfants. Pendant la période estivale,  j’ai lu un article publié par une sexologue qui discutait des bienfaits des voyages en couple. Ce n’est pas le billet qui a véritablement retenu mon attention (je ne le retrouve plus d’ailleurs!), mais surtout les échanges qu’il a suscités sur les réseaux sociaux. Je trouvais ces échanges très négatifs et culpabilisants pour les mères qui voyagent sans leurs enfants, certains allant même jusqu’à mettre en doute leur compétence parentale. Et là, je me suis sentie doublement interpellée. Comme maman voyageuse, d’abord, mais aussi comme professeure-chercheure qui s’intéresse au rôle parental depuis une dizaine d’années.

Pour en finir avec la culpabilité qui colle souvent au rôle de parent et, plus encore, à celui de maman, j’ai identifié cinq mythes récurrents entourant l’idée de voyager sans ses enfants. Sans en faire une analyse exhaustive, je vous partage ici mes réflexions sur le sujet.

1. « Quand on devient parent, on devrait TOUJOURS avoir envie de TOUT faire avec nos enfants »…

La phrase qui tue : « vous n’aviez qu’à y penser avant de faire des enfants! »… Un peu comme si le fait de devenir parent interdisait d’avoir une vie en dehors des enfants, retirait le droit de conserver des aspirations personnelles ou des projets de couple. Comme si le mot « famille » devait nécessairement écraser ceux de « couple » et d’ « individu ». Avoir un enfant et développer une relation privilégiée avec ce dernier implique évidemment de passer du temps avec lui.

Mais un bon parent doit-il nécessairement tout faire avec ses enfants? Bien sûr que non!

Je suis d’avis que l’on peut faire beaucoup de choses avec des enfants et j’ai rarement hésité à voyager avec les miens pour des raisons de sécurité. J’ai pris l’avion enceinte, j’ai vécu un accouchement au Moyen-Orient, mes enfants ont été scolarisés à l’étranger, j’ai allaité dans des dizaines d’endroits incongrus (en plein cœur du désert, dans un ascenseur entre deux femmes entièrement voilées, lors d’un trek à dos d’éléphant, etc.)… Bref, mes limites sont plutôt larges lorsqu’il s’agit de vivre de nouvelles expériences avec mes enfants.

À Dubaï, peu de temps avant la naissance de mon fils cadet
À Dubaï, peu de temps avant la naissance de mon fils cadet

Malgré tout, certaines activités demeurent moins appropriées pour un jeune enfant et, dans certains cas, sont carrément interdites afin de ne pas compromettre sa sécurité ou son développement. Sauter en parachute, chasser la lave d’un volcan actif, jouer au casino et faire de la plongée en sont quelques exemples. Que fait-on alors? On s’en prive jusqu’à ce que nos petits soient en âge de nous accompagner en se disant qu’on aurait dû « y penser avant »? On échafaude des plans détaillés pour notre retraite, en rêvant du jour où ils voleront de leurs propres ailes? On ne vit jamais ces moments en couple pour qu’un parent puisse toujours demeurer auprès des enfants pendant que l’autre prend son pied en solo?

En plongée sur l'île de Klein Bonaire, une expérience qui aurait été plus difficile à vivre avec de jeunes enfants... quoique j'étais alors enceinte de deux mois!
En plongée sur l’île de Klein Bonaire, une expérience qui aurait été plus difficile à vivre avec de jeunes enfants… quoique j’étais alors enceinte de deux mois!

À chacun sa solution, bien sûr, l’important étant à mes yeux de se sentir en paix avec ses choix sans juger trop rapidement ceux des autres… Nous avons choisi de faire un peu de tout. Certains de nos voyages sont donc centrés davantage sur nos enfants, alors que d’autres sont plus personnels (notamment en lien avec nos engagements professionnels) ou davantage axés sur notre couple. C’est notre façon d’atteindre un équilibre entre nos différentes sphères de vie et nos passions. Dans la construction de la relation parent-enfant, la quantité de temps investie est importante, mais la qualité l’est tout autant… Sinon plus! Prendre du temps pour moi ou pour partager des moments d’intimité avec mon amoureux, que ce soit en m’envolant une semaine à l’étranger ou en improvisant une simple escapade d’une journée à quelques heures de mon domicile, me permet de revenir plus détendue et à l’écoute de mes enfants, d’être une meilleure maman [Et là, il importe de comprendre qu’il s’agit de mon vécu et que, par essence, il est subjectif… Je ne cherche en aucun cas à dire que toutes les femmes devraient se sentir ainsi].

2. « Partir en voyage sans son enfant fait NÉCESSAIREMENT naître en lui un sentiment d’abandon ou d’insécurité »…

Ici, les « faux-adeptes » de la théorie de l’attachement s’en donnent à cœur joie sur les réseaux sociaux, en oubliant pourtant certains principes fondamentaux énoncés par Bowlby, Ainsworth et cie. Selon la théorie de l’attachement, l’enfant a besoin de se sentir protégé par une personne adulte pour bien se développer. Contrairement au phénomène de l’empreinte que l’on retrouve chez certains oiseaux (se référer aux travaux en éthologie de Lorenz à ce sujet), les comportements d’attachement ne sont pas fixés définitivement dès le début de la vie chez l’humain. L’attachement est, au contraire, un processus qui se développe au fil du temps et des interactions entre l’enfant et les adultes qui l’entourent. Parce qu’il ne peut s’exprimer avec des mots, le nourrisson développe des comportements de signalement (pleurer, crier, babiller, etc.) et de rapprochement (s’agripper, sourire, etc.) afin d’exprimer ses besoins. Si sa figure d’attachement, un parent dans la plupart des cas, répond aux comportements de signalement et de rapprochement de l’enfant, ce dernier développe un sentiment de confiance. C’est que ce l’on appelle la « base sécurisante ». L’enfant développe ainsi un modèle interne opérant (sécurisant ou non) qui lui permet de prévoir et d’interpréter les comportements des autres (ouverture ou méfiance).

Avec mon fils cadet, peu de temps après sa naissance... Crédit photo : Isabelle Cyr
Avec mon fils cadet, peu de temps après sa naissance… Le jour où l’on réalise que oui, c’est possible d’aimer un deuxième enfant avec autant de force que le premier. Crédit photo : Isabelle Cyr

Pourquoi je vous raconte tout cela? Parce que plusieurs semblent arrêter ici leur lecture de la théorie de l’attachement lorsqu’ils l’adaptent à la situation des parents voyageurs en se disant qu’ils doivent TOUJOURS être présents pour leurs enfants, faute de quoi ces derniers vont développer de l’insécurité ou se sentir abandonnés. Or, la suite de la théorie (qui circule beaucoup moins sur les réseaux sociaux) est très importante pour notre propos. Cette « base sécurisante » permet à l’enfant d’adopter des comportements d’exploration et d’autonomie. Donc oui, le parent a un rôle important à jouer pour rassurer son enfant… Mais ultimement, c’est pour que cet enfant soit suffisamment en confiance pour chercher à découvrir et à comprendre le monde qui l’entoure. Lorsque l’enfant sait qu’il peut compter sur sa figure d’attachement, il peut plus facilement explorer son environnement et aller vers les autres. Avec le temps, il n’a plus besoin de la présence de son parent pour se sentir rassuré.

En route vers l'autonomie au bord de la rivière Saguenay, Québec.
En route vers l’autonomie au bord de la rivière Saguenay, Québec.

Le rôle d’un parent est, bien sûr, de répondre aux besoins de son enfant, de développer avec lui une relation affective de qualité en faisant preuve de chaleur, d’amour, d’empathie et de disponibilité, tout en lui offrant un cadre et des règles de vie favorisant son épanouissement (vaste programme, n’est-ce pas?). Mais être parent, c’est aussi aider son enfant à devenir compétent socialement, stimuler sa curiosité pour le monde qui l’entoure, favoriser son autonomie, faire le pont entre ses besoins et les ressources présentes dans l’environnement. En ce sens, le parent est un médiateur, un guide. Voyager avec son enfant peut permettre à ce dernier de s’ouvrir aux autres, au même titre que d’autres expériences de vie… Tout comme voyager sans son enfant, en confiant sa garde à une personne de confiance. Évidemment, l’enfant doit être bien préparé au départ de son parent, et ce, en tenant compte de son âge, de sa maturité et de son tempérament. À cet égard, il est primordial de choisir des personnes de confiance qui ont déjà un bon lien avec notre enfant et qui partagent nos valeurs éducatives. Pour nous, ce sont les grands-parents. Ils sont impliqués au quotidien dans notre vie : mamie accueille les enfants pour le lunch du midi, papou accompagne nos fistons à leurs cours de musique et de karaté (nous habitons le même quartier). Ils connaissent notre routine et, surtout, ils adorent nos enfants. Nous préparons les enfants à notre départ avec un calendrier et nous faisons en sorte d’être en contact avec eux pendant notre absence en leur envoyant des messages et des photos. De façon générale, nos enfants ont hâte de nous voir partir et de vivre des moments spéciaux avec leurs grands-parents… Mais rassurez-vous, ils sont aussi très heureux de nous retrouver au retour!

Mon fils aîné qui agrippe la main de son papou... Une belle complicité qui s'est développée très tôt!
Mon fils aîné qui agrippe la main de son papou… Une belle complicité qui s’est développée très tôt! Crédit photo : Isabelle Cyr

3. « Plus il y a d’adultes investis dans l’éducation d’un enfant, plus l’enfant est CONFUS et MALHEUREUX »…

Je le dis souvent, mais je pense que c’est important de le répéter :

L’amour ne se divise pas, il se multiplie.

En tant que parents, nous avons un rôle important à jouer auprès de nos enfants… Mais nous ne sommes pas les seuls! Les grands-parents de l’enfant, ses oncles et tantes, un beau-père ou une belle-mère, vos amis et les siens, ses cousins, ses enseignants ou ses éducateurs peuvent aussi lui apporter  beaucoup. Lui donner le droit d’aimer ces personnes, explicitement ou tacitement, augmente le capital d’amour qu’il recevra en retour.  Comme le dit le célèbre dicton : « Ça prend tout un village pour élever un enfant »!  À mes yeux, plus mes enfants sont entourés d’amour, mieux ils s’en sortiront dans la vie. J’essaie donc de créer des conditions qui favorisent, pour mes enfants, le développement de liens significatifs avec d’autres adultes. Lors de nos voyages en Europe, ce sont souvent les membres de notre famille française qui sont interpellés. Nous organisons notre séjour pour qu’ils puissent passer des moments avec un ou deux enfants, sans que nous, les parents, soyons présents. Ces moments nous permettent de favoriser des duos ou des trios, en passant des moments privilégiés avec l’un de nos enfants ou en amoureux. Ce sont des vacances pour nous, mais aussi pour les enfants. Nous passons plusieurs jours avec eux dans la maison familiale, celle où mon mari a grandi, avant de partir vers une autre destination. Ils ont ensuite la chance de faire plusieurs activités avec leur famille française, que ce soit à Paris, en Bretagne ou en visitant les châteaux des Yvelines ou de la Loire. En notre absence, nos enfants créent leurs propres souvenirs avec des membres de leur famille qu’ils ne peuvent pas voir au quotidien. Les liens se solidifient, parce que ce sont ces personnes qui vont les border pour la nuit, leur donner des bisous magiques pour soigner une blessure, les aider à prendre leur bain, préparer une nouvelle version de leurs plats préférés… Ils sont ensuite ravis de nous raconter leurs aventures et de nous poser des questions sur notre périple.

Notre fils aîné qui s'amuse avec son oncle chez ses grands-parents. Vallée de Chevreuse, France.
Notre fils aîné qui s’amuse avec son oncle chez ses grands-parents. Vallée de Chevreuse, France. Crédit photo : Annie Gougerot.

4. « Partir en voyage sans son enfant, c’est faire preuve d’ÉGOÏSME »…

Partir en amoureux, s’offrir un moment à deux pendant que les enfants restent à la maison, est-ce faire preuve d’égoïsme? C’est certainement propice à la détente et aux rapprochements amoureux, c’est une décision que l’on peut prendre pour soi ou pour son couple… Mais ce n’est pas nécessairement facile ni égoïste. Même en pouvant compter sur le soutien de personnes de confiance et en sachant que nos enfants seront bien pendant notre absence, quitter le cocon familial suscite souvent un sentiment d’ambivalence ou de malaise. Je pense que c’est ce sentiment qui fait dire à certains parents : « je ne pourrais JAMAIS voyager sans mes enfants, je les aime trop! » ou encore « j’aurais l’impression de me séparer d’une partie de moi ». Je pense qu’il faut alors se poser des questions essentielles :

Aux besoins de qui essayons-nous de répondre?  Projetons-nous nos propres craintes sur nos enfants? Qui essayons-nous de protéger au final?

L’enfant n’est pas un prolongement de son parent, mais une personne distincte. À trop vouloir être en symbiose avec lui, on peut perdre de vue ses besoins qui ne sont pas nécessairement identiques aux nôtres. Je ne suis pas meilleure que les autres parents, loin de là. Moi aussi j’ai mes doutes, mes craintes, mes zones d’inconfort. Avec ma petite dernière, qui vient tout juste d’avoir un an et qui est une grande prématurée (j’en parle ici), les séparations ont toujours été courtes et difficiles – pour moi… ma fille est pas mal plus forte que sa maman! Pour l’instant, elle nous a toujours accompagnés dans nos déplacements et je suis incapable de la laisser à une autre personne que ses grands-parents. J’ai toujours peur qu’une chose terrible lui arrive. Ce n’est pas rationnel ni justifié, puisqu’elle ne présente aucun retard ni aucune séquelle de son début de vie difficile. Je travaille là-dessus. Je me laisse du temps… Tout en étant pleinement consciente que les séquelles de sa prématurité, c’est moi qui les porte et non elle. Malgré tout, c’est important pour moi de lui permettre de créer des liens avec d’autres personnes, comme je l’ai fait avec mes garçons. Avec eux aussi, j’ai trouvé difficile (et je trouve encore difficile) de lâcher prise… C’est la raison pour laquelle j’ai envie de vous dire que voyager sans ses enfants est, bien souvent, aux antipodes de l’égoïsme. Au contraire, c’est par altruisme que l’on permet à ses enfants de s’attacher à d’autres personnes, de vivre leurs propres expériences, de s’éloigner pour mieux revenir vers nous. C’est un don énorme qui n’est pas toujours facile à faire.

Même lorsqu'ils ne voyagent pas avec nous, nos enfants sont constamment dans nos pensées. Big Island, Hawaii.
Même lorsqu’ils ne voyagent pas avec nous, nos enfants sont constamment dans nos pensées. Big Island, Hawaii.

5. « Quand on devient parent, le couple EST MOINS IMPORTANT. Voyager en couple n’est donc plus pertinent »…

Je trouve cette affirmation d’une tristesse infinie… Comme si l’idée de s’oublier en tant que personne ou comme couple allait aider nos enfants à se sentir mieux… Je peux très bien comprendre qu’une personne ne ressente pas le besoin de voyager ou qu’elle soit comblée de le faire en famille en impliquant toujours ses enfants dans l’aventure. Ce que je ne comprends pas, en revanche, ce sont les gens qui se privent de leurs anciennes passions, qu’ils auraient pourtant envie d’assouvir, parce qu’ils ont des enfants. À mes yeux, avoir un enfant n’est pas synonyme de renoncement. Mes enfants ne m’empêchent pas de vivre mes rêves, ne sont pas un frein à mes élans. Dans certains cas, ils ont pu les transformer. Non pas parce que ces rêves seraient irréalisables avec des petits, mais plutôt parce qu’ils évoluent maintenant avec eux et parce que je change aussi en tant que personne. Je n’ai pas les mêmes envies que lorsque j’ai commencé à voyager en couple à 20 ans. Mais je persiste à croire qu’il ne faut pas s’oublier comme personne et comme couple pour former une famille saine et heureuse. L’idée n’est pas forcément de voyager en couple, mais de partager une activité qui nous permet de nous retrouver, de se conserver aussi des moments pour soi. Car avant d’être une famille, nous étions un couple et, avant de former ce couple, nous étions des personnes avec des aspirations différentes. Dans une famille, ces trois facettes demeurent importantes et reliées entre elles.

En amoureux, sur une plage des Émirats Arabes Unis
En amoureux, sur une plage des Émirats Arabes Unis

En terminant, je tiens à préciser que je suis consciente que nous voyageons plus que la moyenne des gens et que nous bénéficions de conditions favorables et d’un soutien extraordinaire pour le faire. Ce sont évidemment des éléments qui nous permettent de voyager l’esprit en paix, que ce soit avec ou sans nos enfants. Mais il s’agit surtout d’un choix. Le nôtre. Je comprends très bien que des parents fassent des choix différents. Ce que j’ai souhaité mettre de l’avant, dans ce billet, c’est la diversité que peut prendre le vécu de parent et celui de voyageur. J’espère ainsi avoir ébranlé certains préjugés ou contribué à un échange constructif sur le sujet.

36 comments on “Voyager sans ses enfants, nécessairement mauvais?

  1. C’est super intéressant pour nous qui voyageons à deux mais peut être bientot à Trois 😉

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  2. Merci Ève pour cet article extrêmement bien écrit, et surtout bien réfléchi : c’est toujours pertinent ! De notre coté on espère voir la famille s’agrandir d’ici un an, et continuer à voyager à 3 !

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  3. Article bien pertinent!

    Ici, nous voyageons encore toujours en famille : parce que les enfants sont jeunes, parce qu’on part longtemps (plusieurs mois chaque), parce qu’on n’a pas les moyens de partir « souvent moins longtemps », mais surtout, parce qu’on en a envie.

    Aussi, je me verrais bien mal faire garder mes enfants durant plusieurs mois hihi 😉

    Alors, nos escapades « sans enfants » se sont résumées jusqu’à maintenant, qu’à des roadtrips d’une semaine ou deux, dans la province, alors que les enfants étaient dans la famille en Abitibi (une semaine tradition chaque été pour eux). Papa part souvent en voyage d’affaires. De mon côté, l’occasion ne s’est pas encore présentée, mais un jour,je me permettrai certainement un petit moment au loin sans les marmots!

    Dans un autre registre, je prévois partir seule avec chacun des enfants dans quelques années. Un voyage mère-fille/mère-fils lors d’un passage de vie particulier (primaire-secondaire ou secondaire-cégep, avant le départ de la maison, je ne sais pas encore quelle forme cela prendra). Faudra alors écrire « voyager sans TOUS ses enfants, nécessairement mauvais? » 😉

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    • Maman sur 4 continents

      Merci Bianca pour ton commentaire fort pertinent. En effet, la réalité de parent voyageur varie en fonction des contextes et des opportunités. 🙂 Je l’ai rapidement abordé dans l’article, mais il nous arrive aussi de voyager sans tous nos enfants. Je pense que ce genre de duo ou de trio est aussi très favorable pour eux, un moment spécial sans la fratrie avec papa et maman (ou l’un des deux). L’important étant, bien sûr, de bien expliquer la décision à ceux qui restent. 🙂

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  4. Ici nous voyageons avec notre fils et nous adorons ça ! Ces moments partagés en famille sont précieux, du temps de qualité passé ensemble. Nous avons su sans pb adapter notre façon de voyager au fait d’avoir avec nous un jeune enfant (rythme, destination, activités). Mais nous aimons aussi nous réserver des moments à 2 pour nous retrouver. Ce ne sont pas des voyages à proprement parlé . Mais depuis que notre petit chat a 6 mois nous essayons de nous réserver une sortie par mois en tête à tête et nous avons eu l’occasion de faire 3 petits séjours en amoureux : le premier pour aller au ski, le 2 ème pour 3 jours dans les Corbières et le 3eme c’était le Weekend dernier, dans la région de cognac… avant l’arrivée de notre 2 ème loulou 😊
    Et bien j’adore ces rdv que nous avons avec mon chéri. Et pour moi, ils sont aussi importants pour l’équilibre de notre famille que les moments que nous passons à 3 (et bientôt à 4).
    Une famille, c’est avant tout un couplé.

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    • Maman sur 4 continents

      Vous avez bien raison, merci pour ce partage de votre expérience. Je me sentais bien seule à vivre les choses ainsi et j’hésitais un peu à publier mon billet, mais finalement, je réalise que les parents voyageurs qui s’accordent des petites pauses en couple sont plus nombreux que ce que je croyais à première vue. Et ça me fait bien plaisir de faire ce constat! 🙂 Évidemment, on s’adapte en fonction de l’âge et des caractéristiques spécifiques de chaque enfant, mais c’est important de demeurer liés comme partenaires, au-delà des enfants et de notre condition de parents.

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  5. Ping : Voyager sans ses enfants, nécessairement mauvais?

  6. Et il y a tellement de situation et de combinaison. Et puisque lorsque l’enfant part sans ses parents on trouve ça normal (que ce soit pour partir chez les grands-parents ou en colo) pourquoi l’inverse ne serait pas possible. Surtout qu’en notre absence, l’enfant se crée aussi des souvenirs, des aventures, un temps unique.
    Mais chez nous, puisque les férues du voyage ce sont ma fille et moi-même, les voyages vont se conjuguer de plus en plus au féminin et sans le papa. Je ne suis d’ailleurs jamais partie seule avec lui (même pas avant d’avoir un enfant). Par contre je suis partie seule, seule.

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    • Maman sur 4 continents

      Merci pour ce partage! 🙂 Je suis entièrement d’accord avec vos propos. Je me promets aussi de voyager seule avec ma fille lorsqu’elle sera plus grande. C’est une belle idée. Pour l’instant, nous avons surtout voyagé en couple ou en couple avec un seul de nos trois enfants. 🙂

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  7. Ping : Le refus de choisir d’une maman voyageuse |

  8. Salut Eve,
    Encore une réflexion intéressante!!
    Nous avons voyagé à 2 avant les enfants, c’était évident. Nous voyageons avec les enfants depuis qu’ils sont là… mais pas que! Je pense qu’il en va aussi de leur développement personnel.
    Nous sommes actuellement en tour du monde en famille et forcément ça implique une vie H24 ensemble. Notre vie de couple a momentanément été mise un peu en parenthèse. C’est un choix que l’on assume. Parfois il pèse un peu mais on assume car on sait que c’est momentané. Face à certains choix, nous avons décidé de ne pas se sacrifier (à cause de NOS préjugés) et mon homme fait parfois des activités seules et moi aussi, chacun son tour. Il nous est nécessaire d’avoir des moments à soit.

    De leurs côtés, nos enfants parlent de leurs copains, de leurs grands parents. Même s’ils sont loin. Car même à l’autre bout du monde, nous ne sommes pas leurs seuls repères affectifs. Je trouve ça d’ailleurs très négatif pour la construction d’un enfant de n’avoir que ses parents (sauf circonstances particulières). Pour moi, même en étant dans un cocon très restreint, il est capital que nos enfants sachent que l’amour ne vient pas que de nous, parents.
    Le plus grand a déjà hâte d’aller en vacances chez ses grands parents à notre retour… et nous de partir à 2!! 😉

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    • Eve Pouliot

      Merci Alice. J’aimerais aussi faire un tour du monde avec les enfants. Je suis certaine que l’expérience est très intense et enrichissante pour toute la famille. À un degré moindre, nos expériences d’expatriation nous ont amenés à vivre les uns sur les autres en quasi-permanence, loin de nos familles respectives. Les moments à deux étaient plus difficiles au début de cette expérience, mais nous en avons aménagés graduellement, parce que c’était important pour nous. C’est bien que vous puissiez trouver du temps pour vous lorsque vous en ressentez le besoin. Et je te rejoins sur le fait que les enfants peuvent conserver d’autres repères affectifs même en étant loin. C’est le cas pour nous aussi, notamment avec notre famille à l’étranger, et nous l’encourageons au maximum. 🙂

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  9. Claire

    Ton article est très intéressant! Et très vrai! Il n’y a pas à culpabiliser de partir en vacances sans enfant! Ma cousine s’est fait les îles grenadines en catamaran pendant 15 jours, si j’en avais eu l’occasion, je l’aurais fait aussi sans mes enfants et sans culpabiliser!
    Pour l’instant, l’aîné a tout juste 4 ans, et nous le trouvons un peu jeune pour le quitter plusieurs semaines… Mais plus tard, on le fera probablement!
    En attendant, nous nous accordons plutôt des week-end en amoureux… Parce que nous aimons les attractions à sensations fortes des parcs d’attraction, et que les loulous sont trop petits pour suivre… Et puis parce qu’une petit pause romantique de temps en temps, ça fait du bien aussi!
    Mais pour le reste, nos activités préférées restent largement faisables avec les petits, et ils les apprécient!
    Il n’y a que pour le snorkeling (j’ai peur de la plongée :p) qu’on est obligé de s’adapter, on met les loulous dans la bouée, et on les embarque avec nous, en plongeant chacun notre tour ^^

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    • Eve Pouliot

      Merci beaucoup Claire pour ton gentil commentaire et ton partage d’expérience. 🙂 Plus l’enfant avance en âge, plus il est facile de s’en séparer pour vivre des moments en amoureux. Que ce soit pour un week-end ou quelques semaines, l’important c’est de ne pas oublier de s’accorder du temps en couple. Pour le snorkeling, j’adore l’idée de la bouée. Je vais l’essayer, c’est certain! 🙂

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  11. Tout à fait d’accord (même si je n’ai pas d’enfants :p) il faut savoir prendre du temps pour soi aussi. Et je pense que les grands-parents aiment bien avoir leurs petits enfants plus que pour l’après-midi! Personnellement je passais une à deux semaines tous les étés chez mes grands-parents et j’attendais ça avec impatience !:p

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    • Eve Pouliot

      Merci pour ton commentaire. C’est la même chose dans notre famille. Les enfants sont toujours ravis de passer du temps avec leurs grands-parents. 🙂

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  15. Bonjour Eve,
    J’avais déjà lu ton article à sa parution et je le redécouvre aujourd’hui mais dans un état d’esprit différent, car en moins de 2 semaines, je vais être confrontée à une séparation temporaire avec bébé due à mon travail, puis à des vacances en amoureux. C’est la 1ere fois et ce n’est pas facile. Même quand on est bien entourés par la famille, que celle ci est bienveillante et pas du tout culpabilisante, il reste toujours un petit fond de malaise. Donc ton article fait du bien ! Merci d’avoir partagé ton expérience 🙂

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    • Eve Pouliot

      Bonjour Charlotte,

      Merci pour ton commentaire.

      Je comprends tes sentiments, mais je suis certaine que tout se passera bien. Ton petit bout va créer d’autres liens avec sa mamie et tu pourras vivre des vacances en amoureux (c’est important aussi).

      Si tu as le temps, tu me feras un retour sur ton expérience et ce qui a bien fonctionné pour vous.

      Bises et à bientôt.

      Eve

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  20. Héliane

    Cette lecture trouvée grâce à Google tombe juste à point! La portion la plus difficile jusqu’à présent a été de convaincre mamie qui est anxieuse à l’idée d’avoir une si grande responsabilité, être LA personne ressource qui prendra soin d’un bébé de 14 mois pendant deux nuits/3jours tandis que nous serons à 3h d’avion de la maison. Y a t’il des façons de faire que vous privilégeriez pour préparer un enfant de cet âge? Merci Eve!

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    • Eve Pouliot

      Merci pour ce retour, je suis ravie que l’article puisse vous aider. 🙂
      La meilleure stratégie, à mes yeux, serait de commencer par faire garder votre enfant quelques heures par sa mamie, puis une nuit, alors que vous êtes à proximité. La mamie sera probablement rassurée et vous aussi. Avec un enfant de cet âge, j’aurais tendance à le faire garder à la maison, pour qu’il demeure dans son univers et ses habitudes quotidiennes (si possible bien sûr).

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  21. Bonjour,
    Une occasion se présente de partir avec ma meilleure amie au Ladakh fin janvier (20 jours). Un rêve !

    Partir sans son homme ni son petit (de 6 ans) c’est toujours une décision difficile (je suis déjà partie sans eux), mais la destination et la saison étaient moins « extrêmes »…

    Je suis aussi confrontée aux commentaires du genre : « c’est un choix égoïste », « moi je ne pourrais jamais laisser mon enfant » qui sous entend bien entendu qu’en tant que mère je devrais faire passer ma famille, mon couple, en priorité.
    Le pire, c’est : « et si il t’arrivait quelque chose? », « pourquoi prendre autant de risques et ne pas attendre que le petit soit plus grand, il comprendrait mieux! »

    C’est parfois compliqué de faire comprendre que cette envie de bouger est dans mes tripes !
    Je me pose bien sur toutes ces questions, je culpabilise même énormément, mais cet instinct voyageur est tenace. Le fait de voyager en solo n’est pas recherché,c’est à la fois pour des questions de garde d’enfant, de budget, de destination,…

    On bouge beaucoup tous les 3, nous envisageons un Road Trip en fourgon aménagé, mon compagnon part aussi seul ponctuellement (sur quelques jours) et le Petit a déjà envie de partir en colo « sans ses parents sur son dos! »
    Nous formons un trio unis mais partir en solo est encore compliqué, je me sens vraiment décalée et cette idée qu’il puisse m’arriver quelque chose pendant le voyage est présente.

    Avez-vous aussi ressenti cela ?
    Comment savoir si oui ou non cela vaut le coup de partir ?

    Merci pour votre article,

    A.

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    • Eve Pouliot

      Bonjour,

      Merci pour votre message que je viens tout juste de voir. Pour répondre à votre question, je ne me sens pas coupable de partir en solo ou en couple à l’occasion. Par contre, je sais que plusieurs voient ce genre de décision d’un mauvais oeil et je trouve que c’est désolant. C’est d’ailleurs ce qui m’avait poussée à écrire ce texte.

      Je vous encourage à suivre vos passions et à écouter vos besoins sans vous soucier du regard des autres.

      Au plaisir.

      Eve

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